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  • Photo du rédacteurLes Murmures

Arrivée de la Hutte aux Murmures



Merci aux Lakotas, pour ce don qu'ils offrent à notre peuple. Puisse la hutte permettre sa reconnexion à Terre Mère, à Soi, au Monde.


LEGENDE D'INYAN HOKSILA, L'ENFANT PIERRE, mythe fondateur de l'inipi (Légende contée par Henri Crow Dog)


En des temps reculés, une jeune fille et ses cinq Frères vivaient ensemble.

À cette époque, les garçons passaient la plupart de leur temps à la chasse pour leur subsistance.

La sœur cuisinait et cousait des vêtements.

Ils avaient installé leur tipi au fond d'un canyon. C'était un endroit étrange, silencieux, mais il y avait de l'eau et la chasse était fructueuse. En été le canyon était frais et abrité du vent en hiver.

Lorsque ses frères partaient chasser, la jeune fille avait toujours des craintes. Elle entendait souvent des bruits de pas, mais il n'y avait personne à l'extérieur.

Un soir, seulement quatre des frères revinrent de la chasse.

Ils restèrent éveillés toute la nuit, se demandant ce qui était arrivé au cinquième.

Le jour suivant, trois frères revinrent ; et le lendemain, deux. Ils étaient très effrayés car, en ces temps anciens, les cérémonies ou les prières pour être guidés n'existaient pas... Le lendemain, un seul des frères revint au tipi. Le plus jeune s'en alla à son tour chasser malgré les pleurs de sa sœur qui lui demandait de rester auprès d'elle. Comme les autres, il ne revint pas.

La fille partit du campement et grimpa au sommet d'une colline, elle pleurait. Elle voulait mourir et avisant un Caillou rond sur le sol, elle le prit et l'avala, pensant qu'il pourrait la tuer. Apaisée, elle rentra au tipi pour boire un peu d'eau.

Le lendemain, elle ne mangea qu'un peu de viande séchée et des baies, mais elle n'avait pas faim. Le jour suivant, elle était heureuse comme elle ne l’avait jamais été.

Le quatrième jour de solitude, elle sentit une douleur et pensa qu’enfin elle mourait.

Mais, elle mit au monde un petit garçon. « Comment est venu cet enfant ? Que vais-je en faire ? Est-ce-la pierre que j’ai avalée ? «

L'enfant était fort avec des yeux brillants. Bien que faible, elle réagit afin de prendre soin de son fils qu'elle appela Inyan Hoksi, l'Enfant Pierre et l'enveloppa dans les vêtements de ses frères.

L'enfant grandissait vite, dix fois plus vite que les enfants ordinaires ; son corps était parfait. La mère sut qu'il possédait de grands pouvoirs. Un jour, il fit un arc et des flèches. Examinant une des pointes de flèche en pierre, elle se demanda comment il avait bien pu réaliser pareille chose. « Peut-être sait-il qu'il provient d'une pierre que j'ai avalée ? » Bientôt il put marcher et fut assez grand pour chasser. Sa mère était triste et pleurait.

L'enfant lui dit : « Mère ne pleure pas. » Elle lui répondit : « Tu avais cinq oncles qui partirent un jour à la chasse. L'un après l'autre, ils disparurent. » Elle lui conta les circonstances de sa naissance. « Je sais, dit-il, mais je vais partir chercher mes oncles et je reviendrai avec eux. Reste dans le tipi jusqu'à mon retour. »

Le matin suivant, Inyan Hokshi partit. Il marcha jusqu'au crépuscule avant de trouver un endroit pour dormir. Pendant quatre jours, il chercha. Le soir du quatrième jour, il sentit une odeur de fumée. Il la suivit et se retrouva devant un tipi laid, délabré. À l'intérieur, il vit une vieille femme horrible, trois fois plus grande qu'une femme ordinaire. Ses dents étaient comme les crocs d'un loup, ses yeux comme ceux d’un serpent et ses doigts comme des serres. Ses cheveux blancs touchaient le sol.

« Sois le bienvenu, dit-elle, entre donc pour manger et dormir. »

Son feu crépitait et elle y posa un peu de viande séchée pour la cuire. Le repas n'était pas bon mais il le mangea. La vieille lui jeta une vieille robe de bison, sale et rapiécée pour la nuit, mais il se sentait en danger et resta éveillé. Elle le vit et lui demanda : « J'ai mal au dos, ne veux-tu pas me masser avant de dormir pour soulager mes douleurs ? »

Elle s'étendit sur le sol et Inyan Hokshi marcha sur le dos de la sorcière. Il sentit une arête acérée sous sa robe, quelque chose de pointu comme la pointe d'une lance et sut que la vieille avait tué ses oncles.

Inyan Hokshi sauta dans les airs, aussi haut qu'il put et se fit lourd pour s'écraser sur le dos de la sorcière qu'il brisa. Il était l'Enfant Pierre. Puis, il s'avança vers les sacs en peau, les défit et trouva cinq corps secs qui ressemblaient difficilement à des hommes.

À côté du tipi, un tas de pierres grises et rondes lui adressèrent la parole. Il les entendit. « Enfant Pierre, tu es l'un de nous, tu viens de nous, tu es issu de Tunka, tu viens d'Inyan. Écoute-nous avec attention. »

Suivant leurs instructions, il construisit une petite hutte en forme de ruche avec des saules préalablement courbés. Il la couvrit de robes de bison et déposa à l'intérieur les cinq corps. À l'extérieur, il mit en place un grand feu, fit chauffer les pierres, prit les restes de la vieille femme et les jeta dans le feu. Quand les pierres furent bien rouges, il utilisa les ramures d'un cerf pour les porter dans la hutte ; prit une vessie de bison et la remplit d'eau et plaça en cercle les cinq corps secs.

Inyan Hokshi ferma l'entrée de la hutte afin que l'air ne puisse s'en échapper. En versant l'eau sur les pierres, il les remercia de l'avoir guidé. Il parlait aux pierres et elles lui répondaient. La hutte se remplit de vapeur et il ne vit plus rien que la brume blanche dans l'obscurité. Quand il eut versé l'eau pour la deuxième fois, il sentit un mouvement. La troisième fois, il se mit à chanter. La quatrième fois, les « morts » chantaient et parlaient.

Quatre fois il ouvrit et ferma la porte. Lorsqu'il ouvrit la porte pour la dernière fois, la vapeur s'échappa de la hutte, formant dans le ciel un nuage duveteux.

Le feu et l'éclat de la Lune lui permirent de voir cinq jeunes hommes.

Il leur dit : << Hau, vous devez être mes oncles ? »

Ces derniers souriaient, heureux d'être vivants. « C’est ce que ma mère, votre sœur, désirait!»

Il ajouta : « Les pierres m'ont sauvé et elles vous ont restaurés. Nous devons apprendre à prier Inyan Tunka le Rocher, le Grand Père. Cette petite hutte, ces pierres, l'eau, le feu sont sacrés. Dorénavant, nous les utiliserons ainsi, pour la purification, pour la vie, pour la santé. Tout ceci nous a été donné pour que nous puissions vivre. Nous devons former une tribu ».


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